Consommer ne peut envahir le temps consacré aux loisirs.

Intervention de claire Gueville au conseil municipal de Rouen du 16 décembre sur la dérogation au repos dominical.

Promouvoir l’ouverture des commerces le dimanche, ce n’est pas qu’une affaire économique mais participe d’un projet de société que nous refusons

Certains pensent qu’ouvrir les commerces le dimanche favoriserait le dynamisme commercial. Nous avions déjà rappelé l’année dernière, qu’il y avait nécessité et même urgence dans le contexte de crise sanitaire, à soutenir le commerce mais que le choix d’étendre l’ouverture le dimanche était contre-productif.

Le lien entre ouverture le dimanche et dynamisme commercial ne va pas en réalité de soi tant les mécanismes de la consommation recouvrent des logiques complexes. La publicité autour des ouvertures le dimanche en période de soldes favorise d’ailleurs largement les grandes enseignes et dessert dans la pratique les commerces à taille humaine

L’ouverture des commerces le dimanche traduit aussi et surtout un projet de société. Un projet de société où finalement, hors le travail et l’acte de consommer, il n’y aurait point de salut. L’individu est réduit à sa capacité à produire et à consommer.

Aujourd’hui favoriser la dérogation au repos dominical c’est encore une fois opposer les travailleurs et travailleuses (souvent les plus précaires) contraints de travailler le dimanche à tous ceux qui peuvent se permettre de consommer ce jour-là. Nous pensons que doit primer le repos des travailleurs et travailleuses tant mis à mal par ce gouvernement qui, sous couvert de flatter les premiers de corvées pendant la crise sanitaire pour finalement les oublier.

Et d’ailleurs, comment penser que le pouvoir d’achat des consommateurs soit à ce point extensible, que ce qu’on n’achèterait pas en semaine, on le ferait le dimanche ?

Dans une société minée par l’explosion de la pauvreté, dans une société où les liens ont été abimés par les confinements et les couvre-feux successifs, ce n’est pas de cela dont nous avons tous besoin. Consommer ne peut envahir le temps consacré aux loisirs. D’autres choix doivent être envisagés.

On pourrait imaginer possible de consacrer le principe du repos dominical et ainsi choisir d’offrir au plus grand nombre la possibilité de prendre le temps, de développer des activités sportives, culturelles, associatives voire politiques.  

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